Visite du pape à La Sapienza : les universitaires se rebiffent

Publié le par Agnès Lenoire

undefinedPour l’ouverture de l’année académique, le recteur Renato Guarini avait invité le pape à faire une allocution dans les murs de l’université « La sapienza » à Rome. Voyez un peu comment cette invitation était présentée, lors d’une interview dans le quotidien Awenire, et jugez comme elle pouvait choquer les professeurs laïcs :
« Il me semble évident que dans une université, une confrontation entre la foi et la raison est de plus en plus nécessaire […] » 
Monsieur Guarini aurait voulu engager une guerre qu’il n’aurait pas trouvé mieux… La protestation d’une partie des étudiants, accompagnée d’une pétition de 67 professeurs, a fait reculer le pape, qui a décidé, mercredi 16 janvier 2008 de « reporter » sa visite. La fronde est née dans le secteur des sciences physiques – quoi d’étonnant ?, sous l’impulsion du professeur physicien Marcello Cini. Que craignaient les laïcs ? Qu’on leur fasse mettre en conflit la raison et la foi, et que leurs conditions de travail soient dévoyées à une transcendance, d’abord. Que l’autonomie de l’université soit remise en cause, et que le pape moralise les sciences. Mais il y avait aussi une amertume sous-jacente qui couvait, puisque le professeur Cini avait déjà dénoncé, dès novembre, par lettre, « l’incroyable violation de la tradition d’autonomie des universités » (source : site bellaciao). Reste que l’Italie est partagée sur la valeur à donner à cette rébellion. Même une partie de la gauche italienne trouve qu’il est bien inutile d’accentuer la fracture entre laïcs et religieux par des attitudes excessives. Pourtant, il est bon de rappeler que Romano Prodi a renoncé au projet d’union civile des homosexuels sur la pression du Vatican, et que l’Église italienne, forte d’un pape aux idées chrétiennes fondamentalistes, reprend du poil de la bête. Comment imaginer dans ce climat que les laïcs ne se sentent pas bafoués et ne cherchent pas à préserver les lieux où ils peuvent travailler en toute sérénité ? L’université doit rester un lieu où la religion relève de la pratique privée de ses membres. La science a besoin de se détacher des idées de transcendance et de finalisme, afin de mieux cerner le monde tel qu’il est vraiment, et non pas tel qu’on peut l’imaginer sous l’effet d’une foi.

Publié dans Religions

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