Trois petites pommes à dévorer

Publié le par Agnès Lenoire

Les trois notes qui suivent seront publiées dans un prochain numéro de Science et pseudo-sciences, la revue de l'AFIS.

Eric Buffetaut

Les dinosaures sont-ils un échec de l’évolution ?

Collection Les Petites Pommes du Savoir, 2008, éditions le Pommier

« Ne s’agit-il pas simplement de jugements de valeur portés après coup par une espèce animale, Homo sapiens […] ? »

La réponse à la question posée par le titre sera « Non », vous vous en doutez. D’abord parce que la pérennité des dinosaures  montre qu’ils ont su s’adapter aux changements de la planète pendant 165 millions d’années (durée de leur présence sur la terre), ensuite parce que l’évolution ne comporte pas de volet moral : elle ne connaît ni échec, ni réussite, mais opère seulement  une sélection naturelle sur les variations des organismes. L’auteur analyse les différentes hypothèses de leur subite disparition il y a 65 millions d’années. Les théories les plus en vogue avant 1980 mettaient en avant  leur stature de « colosse aux pieds d’argile » ce qui pouvait se constater par leur absence de descendance : dégénérescence, manque d’adaptation. En 1955, un traité de paléontologie dirigé par Jean Piveteau les montre même comme des ratés de l’évolution, par opposition à la classe la plus noble : les mammifères. Ce n’est qu’à la fin des années 1980 que le sort dramatique des dinosaures reçoit une explication plausible : une météorite serait entrée en collision avec la Terre, provoquant une diminution durable de la lumière solaire, l’extinction des grands herbivores, puis celle de leurs prédateurs. La trace de la météorite fut retrouvée (cratère de Chicxulub dans le golfe du Mexique) et ses effets démontrés à l’échelle de la planète. En même temps des fossiles de petits dinosaures à plumes furent découverts dans le nord de la Chine, montrant que le dinosaure avait bien laissé une descendance : les oiseaux.  L’auteur sait nous expliquer à merveille dans cette Pomme que le point de vue que nous avons à présent sur les dinosaures, en autorisant un regard  plus objectif,  permet une diversification des hypothèses et fait avancer nos connaissances. Ce point de vue devrait permettre, dans toutes les études scientifiques sur la nature, d’éviter les préjugés comme celui d’un système «  hiérarchisé » entre les espèces.

 

Jean-Luc Schwartz

D’où nous vient la parole ?

Collection Les Petites Pommes du Savoir, 2008, éditions Le Pommier.

Il existe peut-être 6800 langues dans le monde et l'apprentissage en commence très tôt dans la vie humaine, par le babil du bébé, puis une structuration et une articulation de plus en plus fine. L’enfant construit son langage grâce au bain linguistique dans lequel il vit, par mimétisme, et aussi grâce à des modèles internes qui lui permettent d’établir des « correspondances entre les gestes et les sons », et de progresser vite. L’enfant, vers 1 an, émet le premier mot qui a du sens pour lui. Vers trois ans, il maîtrise les bases de la syntaxe et construit des phrases. L’auteur nous définit la double articulation, en mots et en sons, qui fait la spécificité et l’efficacité du langage humain.  Après les aspects techniques, il évoque « la danse des cerveaux », jeu de cohérence et d’échanges qui se fait entre locuteur et auditeur. Chacun des deux tisse un réseau de compréhension et d’intentions qui fonctionnerait sur la base des neurones « miroirs », ces neurones qui s’activent pour mimer ce que fait l’autre, comme si nous étions lui. Être dans la tête de l’autre permet alors une  communication puissante et rapide. Car la parole n’est pas que son, elle est aussi portée par les gestes et la motricité articulatoire.

 

Bruno Maureille

Qu’est-il arrivé à l’homme de Néandertal ?

Collection Les Petites Pommes du savoir, 2008, éditions Le Pommier.

 

La difficulté de savoir pourquoi Néandertal a disparu entre -40 000 et -30 000 ans n’est pas facilitée par la climatologie qui, à cette époque, se réchauffe et ne permet pas une bonne conservation des fossiles. Elle est rendu difficile aussi parce que la disparition de ces hommes intervient à une période qui représente la limite des possibilités de la datation au carbone 14.

Découvert en 1856, il fut longtemps considéré comme un maillon entre les chimpanzés et Cro-Magnon, et comme l’ancêtre des hommes modernes jusqu’au milieu du XXe siècle. Sa disparition assez rapide l’a fait accuser de « faiblesse  adaptative », supplanté qu’il fut par Cro-Magnon, qui fréquentait les mêmes territoires.

Depuis une quarantaine d’années, il est classé comme une espèce d’homme à part entière, issu de Homo heidelbergensis. A présent la culture de Néanderthal est reconnue, mais les hypothèses sur sa disparition sont toujours flottantes. La plus plausible est celle d’un isolement par pression de l’environnement : amélioration climatique, dispersion des groupes néandertaliens sur des territoires inexploités, mais aussi dispersion de leurs cultures et des échanges biologiques. Néandertal n’a pas disparu si brutalement : il a tout de même côtoyé Sapiens pendant une durée estimée de 5000 à 10 00 ans, ce qui n’est pas négligeable.

La paléogénétique montre que Néandertal n’aurait pas participé au « pool » génétique de l’homme moderne. Mais l’auteur avertit que les données sont parcellaires, que la contamination peut fausser les résultats des analyses, et qu’il faut rester prudent sur les conclusions à en tirer.

Publié dans Notes de lecture

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