Google Ocean n'a pas vu l'Atlantide

Publié le par Agnès Lenoire

Courrier International, rubrique Insolites (oui, tout de même…) du 26 février  annonce que Google Ocean a retrouvé l’Atlantide grâce à son logiciel d’exploration. Des lignes droites se coupant à angle droit  ont été repérées sur 20 000 km2, non loin des Canaries, face aux piliers d’Hercule. Pas de doute, c’est la carte d’une ville. C’est du moins l’avis d’un ingénieur, Bernie Barmond. Un archéologue, Charles Orser, s’enchante lui aussi de cette découverte. Bigre, si les scientifiques se jettent aussi vite dans les interprétations mythiques, c’est un peu inquiétant. N’ont-ils pas un peu vite oublié la fameuse observation de lignes droites sur Mars, lignes dont l’astronome Schiaparelli avait dressé une carte en 1888 ? Schiaparelli les avait appelées « canelli », ouvrant la porte à l’interprétation en faveur de canaux artificiels, donc en faveur d’une vie intelligente sur Mars. Le mythe martien a eu la vie dure.

Je crois qu’ici, avec ces canaux  océaniques, on voit à nouveau se profiler la tentation du mythe au détriment des recherches rationnelles.

Pierre North, astronome à l’Institut d’astronomie de l’Université de Lausanne, se demande, sur le site de l’Université de Lausanne, à propos des canaux martiens :


« Est-ce qu’une nouvelle affaire semblable à celle des  "canaux de Mars" serait encore possible aujourd’hui ? Difficile à dire. Autrefois, l’astronome observait et interprétait immédiatement l’image qu’il avait sous les yeux. En astrophysique moderne, plus personne n’observe directement à l’oculaire; et l’interprétation des données amassées par les instruments se fait après coup, ce qui laisse du temps pour prendre du recul. Toutefois, les présupposés de l’astrophysicien conservent une grande importance, car des faits d’observation tout à fait objectifs peuvent être interprétés de différentes manières. »


Nous voyons qu'aujourd'hui une affaire semblable est possible, et il paraît encore difficile, même avec des outils aussi puissants que Google Ocean, de ne pas souscrire à la précipitation dans l’analyse des images, et de se débarrasser des mythes qui nous encombrent parfois, alors qu’ils devraient juste nous faire rêver.


Le mythe a couru aussi vite qu'il a pu sur la toile, mais finalement élucidé,  il a péri aussi vite qu’il était né, par la grâce d’internet et de sa vélocité. Les lignes droites étaient des traces de bateaux balayant les fonds de leur sonar. Rien de très prestigieux, je l’admets…

 

Publié dans Mythes

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