La Lune finira ivre-morte
Sur le site vinquebec.com, on apprend, par le titre de l’article, que la Lune influencerait les dégustateurs de vin, mais dans ma lecture de l’article, je découvre que les dégustateurs comme les marchands de vin prétendent très clairement que la Lune agirait bien sur le vin, pas sur le dégustateur. Lequel est censé juger avec beaucoup d’acuité et de compétence, paraît-il, la différence entre un vin « jour fruit », déterminé sur une phase bénéfique de la Lune, absolument délicieux, et un vin « jour racine », calculé sur une phase néfaste de la Lune, absolument plat.
L’auteur, monsieur Gagnon, écrit alors :
« Si la Lune a une influence sur la masse, sur les 750 grammes de vin, qu'elle est sa contrepartie sur les 75 kilos du dégustateur. Qui est le plus influencé, la bouteille ou le dégustateur ? »
Ce qui est amusant, c’est que l’auteur de l’article pense faire preuve d’esprit critique en reportant l’influence lunaire sur le dégustateur (parce qu’il contient plus d’eau que la bouteille de vin !) et pense démontrer ainsi la subjectivité de l’affaire.
Certes, subjectivité il y a, mais monsieur Gagnon ne la situe pas correctement. Elle est selon lui de la Lune à l’homme, qui, sous une influence astrale, voit son jugement varier au gré de sa masse de sang agitée par la marée. Or, l’influence est toute humaine, et rien qu’humaine. En croyant que la Lune influence le dégustateur, le mythe se déplace, mais il reste un mythe.
La Lune est au jardin, mais pas seulement. Elle a envahi les bonnes caves, semble-t-il. Elle finira ivre-morte.