Le parfum d'Adam

Publié le par Agnès Lenoire

      

Jean-Christophe Rufin

Éditions Flammarion, 2007, 538 pages, 20 €.

« La nature humaine n’était peut-être pas plus hostile que la nature sauvage. » Extrait, page 464

Ne vous méprenez pas : si Jean-Christophe Rufin a écrit ce roman, c’est pour mieux faire passer un message. Il s’en explique dans une postface : il est décidé à dénoncer une forme dure d’écologie, la deep ecology,  encore inconnue du public en France. Seul Luc Ferry a exposé et dénoncé l’écologie radicale dans « Le nouvel ordre écologique » (Grasset) en 1994. L’écologie radicale, c’est cette idéologie qui accuse l’être humain de tous les maux sur et contre la planète, et dont les adeptes estiment qu’il mérite d’être puni en tant que « prédateur suprême ».

Jean-Christophe Rufin est médecin, président de l’ONG « Action contre la faim » et a participé comme agent spécial à des opérations de libération d’otages dans les Balkans et en Afrique. Utilisant ses connaissances en  médecine et en espionnage, domaines qui lui sont familiers, il en retire pour son roman un dynamisme et un ressort dramatique renforcés. Bien sûr l’intrigue et le suspense reposent aussi sur une peur ancestrale : la peur de ces grandes épidémies ponctuelles qui alimentent les esprits et ressurgissent avec le SRAS et la grippe aviaire. Dans le roman, il s’agira… du choléra.

Mais son talent est aussi celui d’une narration alerte, sans temps morts, sauf le temps réservé à l’analyse méticuleuse de ce qui pousse un adepte à s’engager dans cette idéologie. Son style enchantera les amateurs de romans d’actions et d’aventures. Quelques allusions à de grandes organisations écologiques existantes irriteront les écologistes modérés, mais les noms sont transformés et cela reste avant tout une fiction…

Laissez-vous emporter ! Malgré ses 548 pages ce roman se lit en un rien de temps : c’est haletant, bien ficelé, et cela donne envie d’aller voir de plus près ce qu’est dans la réalité cette écologie radicale anti-humaniste. Les références de Rufin sont en fin d’ouvrage : elles sont essentielles.

Publié dans Notes de lecture

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
<br /> <br /> Toute tendance idéologique peut prêter le flanc à des dérives, mais taper sur l'écologie à l'heure qu'il est me parait un peu irresponsable, si le contexte n'est pas bien expliqué.*<br /> <br /> <br /> Regardez par exemple la marée noire actuelle dans le golfe du Mexique, un problème écologique grave. Quelles sont ses causes ? La cause en est que les industries, pour dégager un max d'argent<br /> pour les places financières, ne consacrent pas un kopeck à la sécurité écologique. Donc, les platerformes pétrolières ne sont pas assez sécurisées, ceci à fin de faire des économies, pour les<br /> places boursières qui vont se réjouir des très bons chiffres de ces industries, argent que les actionnaires vont se répartir.<br /> <br /> <br /> Qui n'a pas intérêt aujourd'hui à l'écologie, sinon les places financières et les agences de publicité. Plus le monde produit et plus les riches sont riches, mieux les agences de<br /> publicité sont payées. Inversement, si l'activité est un tant soit peu réduite ou normalisées selon des normes écologiques, les agences de pub y perdent. Vous pouvez, si vous le souhaitez,<br /> faire un lien avec les propos de Mme Badinter, première actionnaire de publicis, contre l'écologie... Comme par hasard... Voilà un très bon roman qui s'écrit chaque jour sur les places<br /> financières et médiatiques, et dont le grand public est le gogo...<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre