Nouvelle histoire de l'Homme

Publié le par Agnès Lenoire

 

Pascal Picq

Éditions Perrin, 2005, 319 pages, 20,50 €
Cette note a déjà été publiée dans le numéro 274 d’octobre 2006 de Science et pseudo-sciences
« L’évolution pas plus que l’Histoire " ne repasse les plats " car elle est contingente. À une glaciation près, il y aurait peut-être plus d’hommes ou encore plusieurs espèces d’hommes. Il n’en reste qu’une. » Extrait, page 39
 
« Il était une fois l’Homme… » Pascal Picq est conteur, un conteur nourri de science, qui redessine pour nous les contours de notre histoire. Petit panorama de l’univers d’abord, non pas pour une initiation à l’astrophysique, mais dans le but de dénoncer le principe de finalité, appelé aussi principe anthropique, qui, issu de la cosmologie, baigne à présent beaucoup trop de disciplines scientifiques. L’Homme, en tant qu’espèce, est seul sur la Terre ? C’est que cela devait être ainsi, grâce à un ajustement fin des paramètres aux origines : voilà ce que dit grossièrement le principe anthropique. Ce déterminisme fort tue tous les possibles et mène à l’anthropocentrisme. Ce fil conducteur, Pascal Picq le déroule pour nous au fil des chapitres afin de nous mener dans diverses réflexions : l’homme et l’animal, l’homme et les grands singes, l’homme et les autres hommes, l’homme et la femme. À chaque étape, il nous montre combien l’idéologie anthropocentrique guide malheureusement nos pas.
Comme celle qui justifie les génocides sous prétexte « d’animalité » du peuple incriminé : « Déshumaniser pour mieux exterminer ».
Ou celle qui veut attribuer le caractère de bipédie, attitude auguste par excellence, aux premiers hommes, alors que les australopithèques pratiquaient déjà diverses bipédies.
Ou encore celle qui prétend expliquer les différences de comportement hommes-femmes par celui de nos ancêtres aux âges glaciaires (femmes au foyer et hommes à la chasse). Le paléoanthropologue dénonce avec vigueur des assertions sans fondement puisque rien dans les fossiles ne nous révèle le mode de vie des âges glaciaires.
Ajoutons-y l’idéologie de la quête de sens qui, à l’instar de la « scala natura » d’Aristote, positionne l’homme au sommet d’une échelle des espèces, donnant un sens artificiel et injustifié à l’évolution. Madame Dambricourt fait partie de ces scientifiques, qui, attachés à leur échelle, défendent une tendance évolutive dirigée vers l’homme, alors que les constats sont ceux d’une évolution arborescente, donc sans hiérarchie.
Enfin la psychanalyse n’est pas épargnée : elle est accusée d’accueillir et de choyer comme une vérité la névrose de la domination masculine, par le vecteur du dogme du père tout-puissant.
Pour ne pas terminer sur une note sombre, je reprendrai la conclusion de notre paléoanthropologue : « Tel est le bel enseignement que m’ont apporté la paléoanthropologie et l’évolution : l’Homme, c’est plus que l’Homme. »

Publié dans Notes de lecture

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L
<br />  <br /> <br /> <br /> Je lis ce que vous écrivez mais je ne comprends pas la différence entre la position de M. Picq et le principe de finalité auquel il s'oppose, à<br /> juste titre certainement, cela dépent exactement de quoi et de qui on parle. Mais voulez-vous dire que le concept de M. Picq rend les adeptes de cette philosophie plus cléments envers les<br /> animaux, nos ancêtres? Je doute fort, je dirais même que les gens, comme Picq, qui râlent contre les autres systèmes, à l'instar celui de Lamarck, ne se distinguent en rien, sinon par de vagues<br /> sentiments théoriques :-), de leurs contradicteurs. Et puis de quelle cosmologie s'agit-il? Vous en parlez comme si il y en avait qu'une...Bien à vous, Laziz<br />
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