Jupiter, géante errante en Ophiucus
Les planètes circulent sur l’écliptique, ce plan d’orbite de la Terre et des autres planètes (sauf Pluton) autour du Soleil. Vues de la Terre les planètes se déplacent donc sur une bande de ciel de 17° de large centrée sur cet écliptique. Les astrologues-astronomes de l’Antiquité, vers 5000 ans avant J.-C., avaient déjà suivi et noté les trajectoires de ces « astres errants », mais c’est du Ve siècle avant J.-C. que les premiers documents attestant d’une « bande zodiacale » et du premier horoscope nous sont parvenus. La bande zodiacale contient les planètes mais aussi les « signes », c’est-à-dire les constellations des astrologues. Ceux-ci les ont faites toutes de la même taille : ils occupent chacun 30° de la sphère céleste, et sont au nombre de 12. Les constellations, elles, au nombre de 13, sont d’étendue différente : le Cancer est plus petit que sa voisine le Lion, laquelle est plus grande que sa voisine la Vierge.
Les constellations comme les signes sont des arbitraires, aucun des deux n’a de valeur scientifique. Reste que les constellations portent les mêmes noms que les signes, sauf qu’elles ne se superposent pas, et que les constellations ont une petite utilité : savoir où regarder pour trouver une planète… ça peut aider le quidam sans instrument. Sauf que le signe Ophiucus n’existe pas en astrologie. Cette constellation se situe entre le Sagittaire et le Scorpion ; une petite partie est sur l’écliptique, le reste monte bien au-dessus. Un astrologue, Jean Rignac, chroniqueur sur RTL avait, dans les années 1970-1980, attribué un treizième signe à la bande zodiacale : le Serpentaire. Ce Serpentaire, c’était Ophiucus.
Aujourd’hui ce treizième signe est difficile à trouver, l’astrologie préférant la tradition de la douzaine. Que fait-on quand il y a quelque chose à cet endroit ? Que faire des planètes de passage dans ce treizième signe ? Bof… les jeter dans le signe voisin. Ni vu ni connu… on s’intéresse peu à l’observation du ciel en astrologie. Il s’agit pourtant de « vraies » planètes revendiquées par l’astrologie comme ayant une véritable influence, mais circulant sur un fond de ciel arbitraire, sans existence, juste symbolique. Les signes n’existent pas !, disent les astrologues. Les planètes existent !, disent en choeur astrologues et astronomes. Leur influence sur les événements humains n’existe pas ! disent les astronomes. Leur influence sur les humains existe, rétorquent les astrologues ! Joli pot-pourri de matérialisme, de symbolisme et d’inventions, bien utile à entretenir la confusion.
En attendant il y a une planète qui erre dans une constellation-signe qui n’existe pas en astrologie : Jupiter est en effet dans Ophiucus, nostalgique de Jean Rignac, sans domicile fixe astrologique depuis fin décembre, rêvant d’influencer les natifs du Sagittaire, ou ceux du Scorpion. Lesquels choisir ? Auxquels de ces humains insuffler sa prétendue puissance ? Une solution : « Pique nique douille, c’est toi l’andouille ! ». L’astrologie, ça marche comme ça !