Elisabeth Teissier annonce Sarkozy gagnant
Dessin de José Tricot, dessinateur pour Science et pseudo-sciences (AFIS)
Dans TV magazine, E. Teissier concocte un horoscope chaque semaine pour ses lecteurs. Dans celui du 15 au 21 avril 2007, elle nous offre, en plus, ses prévisions pour les présidentielles. Elle annonce Sarkozy gagnant, mais à ce trop-plein d’assurance elle adjoint des garde-fous, et ce, à chaque ligne. D’abord dans le titre de l’article : « Sarkozy ? Son ciel natal le donne gagnant ! ». Elle ne dit pas qu’elle le donne gagnant mais que c’est une révélation du ciel, comme si elle se dédouanait à l’avance d’éventuelles erreurs. Elle va d’ailleurs renforcer cet aspect « ce n’est qu’une tendance – je n’y suis pour rien » tout au long de l’entretien accordé à TV magazine. La première phrase de cet entretien sera en effet de préciser « qu’il est important de parler au conditionnel ». Or, quand vous, lecteur de TV mag., vous aurez fini de parcourir les deux pages de l’article, vous n’aurez pas vu de mode conditionnel. Partout elle répond aux questions par le temps présent ou par le futur simple. On ne peut guère faire moins ancré dans l’hypothétique que par ces deux temps. Une exception : Teissier prévoit que Borloo « devrait hériter d’un ministère important ». Ici, ce qui surprend, c’est le « devrait » au lieu de « pourrait » !
Teissier est donc très prudente et se ménage une porte de sortie en cas d’échec de Sarkozy. Jamais elle n’aura dit, elle, qu’il serait élu président ! Mais s‘il l’est, elle saura ressortir cet article et faire valoir son titre. Notre astrologue donne d’ailleurs un exemple de rébellion des prévisions, sorte de tendance inversée : elle nous explique qu’en 1986 des « étoiles magnifiques» étaient favorables à Simone Veil pour un poste de premier ministre mais qu’en fin de compte elle ne l’obtint pas. Ce qui signifie que Teissier s’est déjà trompée, qu’elle se trompera encore, et qu’on ne peut en tenir grief ni à sa discipline, ni à elle. On remarquera au passage son emploi des mots « étoiles magnifiques », et quelques lignes au-dessus, d’« étoiles négatives ». Pourtant il semblait que l’astrologie fût depuis toujours une affaire de planètes, pas d’étoiles… Quand on revendique un statut de science il serait bon d’en avoir la rigueur !
A propos du statut scientifique de l’astrologie, E. Teissier affirme aussi dans cet article que « Comme la médecine, l’astrologie est une science d’interprétation. ». D’abord ni la médecine ni l’astrologie ne sont des sciences, mais la médecine en est issue, par son héritage de la biologie et la physiologie, auxquelles elle apporte des applications. Mais en outre, la médecine, si elle comporte bien un aspect interprétatif, s’appuie tout de même sur ces deux sciences reconnues et dispose donc d’outils fiables. Quid de l’astrologie ? Quels en sont les outils scientifiques ? S’agirait-il du logiciel d’astro de madame Teissier, qu’elle fait tourner sur son ordinateur pour mouliner des thèmes astraux ? Oui, finalement, l’astrologie c’est sans doute cela : beaucoup d’inventions, et un peu de technologie informatique !