Des extraterrestres qui se font attendre
Vous avez sans doute déjà entendu dire, à l’appui d’une existence probable des extraterrestres, que l’être humain étant une forme de vie assez banale, il pouvait bien avoir son double, sous une forme ou une autre, quelque part dans l’univers. Belle façon de montrer un caractère humble et ouvert. L’argument n’a pas de démonstration scientifique mais il a l’avantage d’être psychologisant et donc d’être imparable, par simple culpabilisation de ses opposants. Vous imaginez-vous un peu rétorquer que l’être humain est si exceptionnel que son équivalent aurait peu de chances d’exister quelque part ? Vous imaginez-vous vraiment brandir cet argument des plus arrogants : le statut d’exception de notre espèce ? Bien sûr que non. De toute façon, ce contre argument ne possède pas plus de preuve que le premier. Il n’empêche que ce domaine de la recherche extraterrestre, ou ufologie, ne contenant aucune argumentation scientifique, une belle place est faite à la psychologisation et à l’idéologie, avec son cortège de passions et de fantasmes.
Les scientifiques se sont pourtant penchés, et se penchent encore sur le problème : la revue Ciel et Espace de mai 2007 revient sur l’existence éventuelle d’extraterrestres, et surtout sur la probabilité de leur visite, dans un article de David Fossé « E.T. prend son temps ». L’article nous rappelle d’abord le paradoxe de Fermi. De quoi s’agit-il ? Le prix nobel de physique Enrico Fermi a énoncé en 1950 un paradoxe devenu fameux : « Si l’humanité est une espèce si banale dans la Galaxie, nous devrions déjà être entrés en contact avec des extraterrestres. » Et Fermi de conclure : « Où sont-ils ? ». En 1975, Michael Hart reprend le dossier, le dissèque, et répond à Fermi : « Parce que nous sommes seul ! ». Le paradoxe ne se résoud pas, il se renforce : nous serions une espèce commune, ordinaire, mais unique !
Ramus Bjork, étudiant en physique danois âgé de 26 ans, vient de modéliser à son tour l’exploration de la Galaxie. Ses simulations numériques montrent que si les extraterrestres existent, ils n’ont tout bonnement pas eu le temps d’arriver ! Pour cela il suppose des engins pouvant atteindre 1/10 de la vitesse de la lumière, soit 30 000 km/seconde, en 8 vaisseaux principaux contenant chacun 8 sous-vaisseaux, qui peuvent survoler, en 10 milliards d’années, 10 000 secteurs contenant 40 0000 astres, soit quelques pour cent de la Voie lactée seulement. On a encore le temps de les attendre ! Notre jeune physicien est surpris par le succès de sa solution au paradoxe de Fermi, qui a fait le tour du monde. Mais il a en face de lui d’autres physiciens qui lui opposent d’autres modèles (Eric Jones, Carl Sagan, Laurence Cox) et quelques arguments.
L’article est assez ambigue, puisque dans son ensemble il fait une belle place aux partisans de l’existence des extraterrestres, dont les simulations numériques tentent de nous convaincre qu’ils sont juste en retard. La belle excuse !