Douce nuit sous les Perséides

Publié le par Agnès Lenoire

Le Mont Ventoux - Coucher de soleil

En ce dimanche 12 août, la météo ne présageait rien de vraiment bon en matière de cieux astronomiques, même à l’abri du Ventoux. De grandes brumes grises s’étiraient obstinément à l’est, et semblaient monter du « Géant de Provence ». Vers 22h 30, la masse nuageuse  stagnait toujours au-dessus de ses flancs sombres, comme s’il l’avait entretenue dans un chaudron. C’était pourtant le grand soir, celui que les médias annoncent toujours avec force depuis des années : la nuit des étoiles filantes d’août, les Perséides.  Elles doivent leur joli nom à la constellation de laquelle elles semblent surgir : Persée. C’est exactement comme quand vous conduisez sous la neige et que les flocons semblent tous venir d’un seul point : c’est le radian. Ce soir, la Terre est un vaisseau spatial qui fonce à près de 220 000 km/h dans l’essaim de ces poussières de comètes. Embarquez avec moi  à bord du vaisseau Terre.

Installée sur le terrain face au Ventoux, au pied d’un immense bouquet de bambous, j’attends les vacanciers depuis 22h 30 pour une séance d’observation, sans télescope, mais avec tapis de camping et duvets. Je prends le pouls de la soirée en frissonnant dans la petite fraîcheur qui s’installe. Au loin, la fureur des soirées d’été me parvient filtrée. Qui osera quitter le restaurant face à l’eau des piscines qui miroite de mille feux, l’animation estivale grisante et les grandes réunions conviviales, pour venir me rejoindre en s’isolant dans le silence et la pénombre ?  Je ne me suis pas posée la question longtemps.  Les vacanciers ont répondu nombreux à l’appel des affichettes  qui annonçaient la soirée des Perséides. A minuit, nous étions trente ! Eternel succès des étoiles filantes, qui s’habillent toujours de magie. Surtout pour les Perséides, qui font l’objet d’une belle publicité médiatique. Vers 23h, le miracle s’est produit : le Ventoux a cessé d’entretenir son chaudron, et le ciel s’est débarbouillé. A l’heure du rendez-vous donné aux vacanciers, j’ai allumé ma lampe rouge pour me faire repérer  des premiers arrivants. Déjà je distinguais des lampes de poches qui tressautaient et balayaient le sol en me cherchant. Bigre, ils ne devaient voir que ce que l’étroit halo de leur lampe leur montrait ! S’ils venaient sans lumière, ils me verraient ! A chaque fois que j’apercevais quelques torches tremblotantes, je me levais et j’allais au-devant d’eux, afin de leur faire éteindre leur lumière, agressive et inutile. Pour gagner le lieu d’observation, je les guidais alors avec ma lampe rouge. Je jouais le rôle amusant d' une ouvreuse de cinéma ! Le film allait bientôt commencer ! Faire éteindre les lampes de poche n’est pas toujours chose aisée. Chacun craint fort de marcher dans la pénombre. Alors que les yeux s’habituent très bien à l’obscurité - si elle n’est pas totale, bien sûr. Mais elle n’est plus totale nulle part. Partout la pollution lumineuse affecte le ciel, dilue les étoiles et dissout la Voie lactée. Il faut expliquer encore et encore que notre œil  a une bonne vision nocturne, surtout s’il s’agit seulement de marcher. Mais si une lumière frappe la rétine, il lui faudra un quart d’heure pour retrouver une vision nocturne correcte.

Une fois tout mon petit monde couché sur les tapis, lové qui dans un plaid, qui dans un duvet, qui dans les bras de papa ou maman, j’ai demandé que les lampes se taisent définitivement. Et sous nos yeux d’oiseaux de nuit ébahis, la majestueuse Voie lactée a alors accepté de dérouler son ruban argenté, en récompense de notre obéissance. Le silence de la lumière a provoqué, sans que j’aie à dire un mot, le silence total, le vrai, celui des bruits humains. Une ambiance feutrée et douce s’est installée. Pas un enfant ne bougeait. Soudain, la première exclamation a jailli des duvets : la première Perséide fut saluée comme il se doit. Puis retour du silence, de l’attente. L’attention et l’affût créent une atmosphère particulière, à la fois tendue et détachée. Paradoxe ? Non, nous perdons juste le goût de prendre tout notre temps pour savourer les belles heures gaspillées à regarder, juste regarder. Quel luxe, à notre époque de course incessante après le  temps !  Un oiseau nocturne, à plusieurs reprises, a déchiré de son cri notre silence mais personne ne l’a entendu ; chacun était si préoccupé de ne pas rater la prochaine Perséide….

Vers minuit, les étoiles filantes zèbrèrent le ciel plus haut vers le zénith ; elles traversaient le triangle d’été. Alors quelques duvets ont pivoté doucement pour mieux s’orienter et les  têtes ont changé d’angle d’observation. De temps à autre, quelques « chuchotis » d’enfants se devinaient,  accompagnés d’un doigt sorti de la couverture, pointé vers le ciel… « Dis, papa …. »  Chuchotement du papa en réponse, puis le calme profond reprit ses droits. Deux bolides à la tête orangée et à la traînée très persistante, à deux ou trois minutes d’intervalles, nous ont arraché des exclamations. Enfin,  quelques enfants s’étant endormis, des parents ont décidé de rentrer. D’autres furent  surpris par le froid et ont déménagé à regret. Avant qu’ils ne partent, j’ai demandé à ceux qui ne portaient pas d’enfants dans leurs bras de faire l’expérience de rentrer lampe éteinte, puisque leurs yeux étaient bien habitués à la nuit. Et je me suis amusée à suivre leur progression de loin. Pour certains, je n’ai rien aperçu, pas la moindre lueur au loin. Gagné ! Pour d’autres, après quelques instants d’obscurité, une petite ampoule s’est discrètement allumée, comme une petite bouée de lumière, finalement si indispensable…

J’ai alors pris le chemin du retour vers la tente, tous feux éteints, la tête pleine de cette soirée si lumineuse et si douce, et si bien partagée,  sous les étoiles provençales. 

Crédit photos : Agnès Lenoire

Publié dans Observation du ciel

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H
« Je suis la mère de Yohan Lavigne et je lance  un appel à ceux qui voudraient signer la pétition pour éclaircir la mort d’un jeune homme de vingt ans. Car l’on prétend un suicide par pendaison, alors que son corps ne porte que des traces de coups.  Puis sur la soit disant lettre d’Adieu, il y a une autre écriture que celle de Yohan, certifié par analyse graphologique. Et l’on a voulu faire incinérer mon fils en usurpant mon identité. Je ne veux que la vérité et si  vous voulez m’aider à l’obtenir grâce à une vraie enquête, ne serait ce que pour ne pas prendre le risque de laisser des assassins en liberté, alors signez la pétition qui se trouve en bas de page ou le lien ci-dessous vous amène. Si vous avez déjà signé merci. Sinon une fois fait, le lien pour la confirmation de votre signature arrive de suite dans votre boite de réception, si ce n’est pas le cas dites moi le. merci.                                                                              http://www.altermonde-levillage.com/spip.php?article10516   Si vous voulez en savoir plus : http://yohanlavigne.unblog.fr      Mon mail :  helenebourt@hotmail.fr<br />  <br />
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